«Minouchet», le chat de Janet, est vieux depuis longtemps. Depuis plusieurs semaines, il se met à miauler dès qu’on le touche, à dormir vingt-trois heures sur vingt-quatre; il délaisse son écuelle, est devenu incontinent et n’a plus que la peau sur les os; Janet essuie une vingtaine de pipis par jour, sans compter les vomissures…
Consulté, le vétérinaire constate que l’animal est en fin de vie, sourd et aveugle de surcroît. Avec délicatesse, il évoque l’euthanasie. Janet comprend que c’est à elle, à elle seule, de prendre une décision difficile, puis de l’assumer.
Un autre problème?
«Quand je reçois un vieil animal, explique Marie-José Porchet, vétérinaire, j’essaie d’abord de voir s’il n’a pas un autre problème, une cystite, par exemple, une maladie qu’on peut soigner. En cas de sénilité, il existe des médicaments qui peuvent améliorer l’état du chat ou du chien, lui redonner un bon coup de fouet!»
Et si une personne veut faire endormir son chien jeune et en bonne santé juste parce que son nouveau conjoint est allergique, parce qu’elle déménage à l’autre bout du monde ou que, simplement, elle en a marre des balades sous la pluie?
Ethique et dialogue
«Je refuse, répond catégoriquement Marie-José Porchet; c’est une question d’éthique.» La vétérinaire préconise le dialogue: «Nous commençons par chercher des solutions de placement de l’animal: parfois, l’un de nos clients vient de perdre son compagnon à quatre pattes et il en accueillerait volontiers un autre qui ne soit pas un chiot. Une autre possibilité: placer une annonce au tableau du cabinet. Enfin, en dernier ressort, nous conseillons la SPA… Il y a souvent une solution!»
Et dans le cas d’un chien agressif? «Quand les médicaments, les thérapies chez un éducateur canin ou un vétérinaire comportementaliste sont inefficaces et que l’animal a tenté de mordre, l’euthanasie est inévitable», note la vétérinaire, qui ne prend jamais cette décision à la légère.
Souci de bien-être
De manière générale, constate Marie-José Porchet, les propriétaires d’animaux se préoccupent toujours davantage du bien-être de leurs protégés: «De plus en plus de jeunes viennent nous présenter leurs hamsters, leurs lapins ou leurs rats pour un contrôle dès l’achat de l’animal, pour des conseils en nutrition ou pour un traitement quand ils sont malades.»
Que dit la loi?
Si l’animal n’est pas une personne, il n’est pas un objet non plus. Contrairement aux Français et aux Allemands, par exemple, qui ne sont pas autorisés à tuer un animal de compagnie, les Suisses ont le droit de vie et de mort sur lui, mais ils n’ont pas celui de le maltraiter ou de le négliger.
Attention donc: pas question de jeter un poisson dans les toilettes ou de noyer un chaton dans la baignoire, lui infligeant ainsi une mort lente et affreuse!
L’Ordonnance fédérale sur la protection des animaux précise que «la mise à mort d’un vertébré ne peut être effectuée que par une personne ayant les connaissances et les capacités requises. (…) Tout vertébré doit être étourdi au moment de sa mise à mort.»
«S’il y a un conseil à donner, ajoute Cathy Maret, la porte-parole de l’Office vétérinaire fédéral, c’est de s’adresser de toute façon à un vétérinaire. Pour les poissons, par exemple, il peut prescrire un produit à verser dans l’aquarium qui les étourdit. On peut ensuite les euthanasier – sans cruauté et sans douleur.»
Décision difficile à prendre
Janet peine à prendre une décision: Minouchet souffre-t-il? Quelles perspectives de vie a-t-il encore? Peut-on le soigner ou serait-ce de l’acharnement?
Pour la psychologue Béatrice Weber Rouget, il est important de poser sans hésiter toutes ces questions – et bien d’autres si nécessaire – au vétérinaire, pour pouvoir peser rationnellement le pour et le contre, pour faire le meilleur choix pour l’animal.
Prendre la responsabilité d’un animal dépendant implique d’avoir les moyens de le nourrir, de le soigner, de lui assurer une vie agréable. Etre capable de mettre fin à ses souffrances, de décider pour lui l’euthanasie, ne fait pas partie de cette réflexion. Souvent, on n’y pense que lorsque la question se pose, et beaucoup de gens ne sont pas prêts, explique Béatrice Weber Rouget. D’où l’importance de discuter, de réfléchir avec le vétérinaire.
Et la culpabilité?
Quand l’animal s’est endormi, surgit le sentiment de culpabilité: «Est-ce que j’aurais dû être plus présent, tenter un traitement; ai-je vraiment fait tout ce que je pouvais?
»C’est une étape normale du processus de deuil, explique la psychologue. On passe par des moments de tristesse, de frustration, de manque. De colère même: contre l’animal, contre le vétérinaire, contre soi-même…»
Cette étape est plus ou moins longue, selon les personnes. Celle qui a une vie très active, des projets, se remettra plus rapidement que si le deuil s’inscrit dans un phénomène de solitude…
lundi 30 mars 2009
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